Nous sommes à l’ère des plates-formes et des datas, du contrôle des corps et des populations par-delà les frontières. À l’ère des prophètes transhumanistes, où la promesse de la vie éternelle n’a jamais été aussi réelle pour une (infime) partie d’entre nous. À l’ère où, après avoir rêvé “un plan complet de sécurité sociale“, les anciennes puissances démantèlent méthodiquement les conditions d’accès aux soins. À l’ère, aussi, de la dénonciation enfin possible – et audible – de l’institutionnalisation des violences médicales faites aux femmes.
Demain la santé a vocation à se poser la question du devenir de la cohabitation des corps : corps social, corps intime, corps politique, corps médical, corps économique. Elle interroge la fabrication des normes et des fractures, forgées par les politiques sanitaires et/ou de santé successives. Elle sonde le dedans et le dehors que notre époque de données et de performance nous réserve, au nom du bien-être physique et mental du plus grand nombre, ou de points gagnés sur le PIB.
Mais l’avenir de la santé c’est aussi, au-delà de sa marchandisation ou des health cities, la question, l’espoir de la réappropriation du corps. Que cela soit via une relation patient-soignant renouvelée, de nouveaux espaces et communautés d’expression, la lutte contre la médicalisation abusive et la discrimination des minorisé.es, ou bien encore par des innovations technologiques, des organisations sociétales nouvelles…
Car la science-fiction donne tous les droits, d’inventaire et d’invention. Pessimiste ou optimiste elle peut ouvrir l’esprit, l’imagination et les possibles à travers des histoires.
Demain, après-demain, de quoi la santé sera-t-elle le nom ?